Rencontre avec Diane Ducret.
Qu’est ce qui vous a donné envie de vous attaquer sur plus de 300 pages au sexe de la femme ?
L’actualité m’y a poussé. En effet, aux Etats-Unis, la fermeture de plusieurs centaines de centres d’avortements, la culpabilisation de la contraception et du plaisir par les républicains, en Espagne, le volte face sur le droit à l’avortement également, les esclaves sexuelles de l’état islamique, les viols collectifs en Inde. J’ai eu l’impression que le sujet commun à toutes les civilisations, mais dont on ne parle jamais, c’était le sexe de la femme. Le déclencheur à été lorsque j’ai découvert qu’au XIXème siècle, le « traitement », en Europe, et notamment en France, pour l’hystérie, dont le plaisir féminin pouvait être une manifestation, était l’excision. Imaginez, il y a à peine plus d’un siècle !
A travers vos recherches, avez vous fait des découvertes qui vous ont étonnée ? indignée ? fait sourire ?
A chaque chapitre ! La ligne de fond est que de tout temps, le plaisir féminin a été considéré par les politiques comme une menace pour la société. Comme si la femme qui jouit était dangereuse, car elle peut demander des droits, s’émanciper, prendre la place des hommes. Ainsi, au Moyen Âge va circuler le « marteau des sorcières », manuscrit religieux qui associe les « vagins insatiables » aux sorcières et les condamne au bûcher. Au XVIIIème siècle ce sera la ceinture de chasteté pour réprimer l’onanisme féminin, ou la croyance assez répandue selon laquelle une femme se donnant du plaisir peut se féconder elle-même pire encore, se transformer en homme ! Ou encore lorsqu’à la libération de la France, après la Seconde Guerre mondiale, on va tondre les femmes ayant couché avec l’ennemi… jusqu’entre les jambes. J’ai souri en découvrant pourquoi Marylin Monroe n’avait jamais pris de plaisir, jusqu’à la dernière année de sa vie, en découvrant que le clitoris avait été découvert par un homme appelé Colomb, alors chirurgien… au Vatican ! Ou que le point G avait été découvert par un médecin juif de soixante-dix ans, à New York, en 1950, après que ce dernier ait été enfermé par Hitler en Allemagne à cause de ses recherches sur le sexe de la femme.
Comment expliquez vous que nous ayons aussi peu d’informations concernant l’excision dans nos sociétés au cours des siècles passés ?
Je l’ai découvert avec beaucoup de surprise. Le premier à mentionner cette solution contre la voracité sexuelle des femmes est… Ambroise Paré ! Un chirurgien royal, un des esprits les plus brillants de son temps, le XVIème siècle ! Il trouve le sexe de la femme trop facilement accessible, et disgracieux. Mais il ne va pas heureusement être suivi. Sauf au XIXème siècle en effet, où en Angleterre et Allemagne des médecins « inventent » et appliquent cette technique pour calmer les femmes atteintes à leur sens nerveusement ou sexuellement, de nymphomanie, d’arythmie, de maux de ventre ou de tête…
Quel homme à travers l’Histoire a su réellement mettre en valeur les femmes et leur sexe ?
Ernst Gräfenberg en fait partie. Il est ce médecin juif septuagénaire qui va écouter les femmes toute sa vie et découvrir leur point G, après avoir inventé, en Allemagne hitlérienne, le premier dispositif de contraception intra-utérin. Il voulait aider celles qui souhaitent concevoir à le faire en sérénité et sécurité, et aider celles qui ne le souhaitent pas.
Les hommes se sentent-ils toujours menacés par le sexe des femmes aujourd’hui ?
Heureusement, les hommes sont de nos jours plus curieux qu’effrayés ! D’ailleurs sur les salons, il y a figurez-vous beaucoup d’hommes qui viennent acheter ce livre, ou me dire qu’ils comprennent mieux certains de leurs comportements. D’ailleurs, de tout temps, ce ne sont pas tant les hommes mais les politiques qui ont eu peur du sexe des femmes.
Si le sexe des femmes reste une énigme pour les hommes, pensez-vous que les femmes connaissent véritablement leur sexe ?
Non, et pour cause! cela a été la volonté durant des siècles. On interdisait aux femmes de diriger les accouchements, on écrivait les livres d’anatomie en latin pour qu’elles ne puissent les lire, bref, tout était fait pour que la femme n’ait jamais connaissance de son anatomie, car elle aurait alors un pouvoir sur son corps, sur son plaisir, et surtout sur la reproduction.
A qui s’adresse votre livre ?
Aux femmes tout d’abord. Je pense que chacune d’entre nous a déjà expérimenté la honte, la gêne, face au plaisir, à son corps, à la perte de la virginité, s’est posé des questions face à la maternité et l’avortement…. Comprendre d’où viennent ces sentiments, quels motifs politiques ou religieux les ont provoqué dans l’histoire, c’est je crois mieux se connaître soi-même, et se libérer d’un poids parfois trop lourd. Il s’adresse ensuite aux hommes, pour mieux comprendre les femmes…
Hormis celui de vie, quel est selon vous le pouvoir le plus puissant du sexe de la femme? Pourquoi ?
C’est déjà pas mal non ? L’autre, c’est je crois tout simplement l’amour…. Et cela n’a pas de ‘pourquoi’
PHOTO © Roberto Frankenberg
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