Présenté dans plusieurs festivals, Le Clitoris a reçu de nombreux prix, il faudra attendre le mois de juin pour le découvrir en ligne. Pour tous celles et ceux qui auraient peur du Clitoris, la québécoise en a fait un adorable petit animal tel un Tamagotchi dont on a envie de prendre soin, de le câliner et de lui donner plein d’amour !
Rencontre avec Lori qui nous en dit un peu plus sur son film, sur l’anatomie, l’éducation …
Comment t’es venue l’idée de réaliser un film entièrement dédié au clitoris ?
Durant la dernière année du diplôme en cinéma d’animation, j’avais l’idée de faire un film en rapport avec la sexualité féminine. En faisant des recherches sur le sujet, je suis tombée sur la page Wikipédia du clitoris. J’y ai découvert une tonne d’informations que je n’avais jamais vues nulle part. J’ai continué par la suite mes recherches dans des livres et je me suis dit que l’histoire de cet organe contenait assez de faits loufoques pour en faire le sujet de mon court-métrage.
Comment as tu découvert l’anatomie ( entière ) du clitoris ?
J’ai découvert l’anatomie du clitoris sur cette même page Wikipédia. Je n’avais jamais entendu parler de ses racines. Mes parents, mes ami.e.s, mes professeur.e.s, personne de semblait être au courant. Nous n’avions pas abordé le sujet ni dans mes cours de biologie au secondaire et ni même dans le cours optionnel de sexualité que j’avais pris au Cégep (Collège post-lycée au Québec). En contre-partie, je connaissais parfaitement l’anatomie du pénis et il n’y avait pas de mystère autour de ça.
A qui s’adresse ton film ?
Mon film s’adresse à tout le monde. C’est certain que les femmes et les féministes ont un intérêt plus grand pour mon film, mais j’ai reçu beaucoup de commentaires d’hommes intéressés par le sujet. Je crois qu’il est important à la fois pour les femmes et les hommes de connaître l’anatomie féminine. Je crois qu’il peut également interpeller les jeunes et les adolescent.e.s, parce qu’il aborde la sexualité avec humour et légèreté.
As-tu rencontré des difficultés pour parler de l’histoire du clitoris en seulement 3 minutes ?
Ce n’était pas simple de résumer l’histoire du clitoris en trois minutes. J’ai dû mettre de côté certaines informations qui étaient plus difficiles à illustrer ou à expliquer en quelques mots. J’ai essayé de me concentrer sur des faits qui méritent d’être connus et qui concernent plus l’Occident. Je cherchais également à garder une touche d’humour tout au long du film.
Penses-tu que l’Art et la culture peuvent aider à changer la vision du clitoris ?
Je crois que l’art et la culture permettent de diffuser des messages. Les messages peuvent être parfois sexistes, tout comme ils peuvent au contraire contribuer à l’émancipation. Dans le cas de mon film, le médium du court métrage d’animation permet en effet de diffuser des informations méconnues sur le clitoris à un large auditoire. En trois minutes, les gens peuvent apprendre beaucoup de choses sur le clitoris et avoir envie de chercher plus d’informations sur le sujet par la suite.
Quelles sont les informations que tu as découvertes qui t-ont le plus surprise, choquée, amusée sur le clitoris ?
J’ai été surprise d’apprendre que la connaissance du clitoris ait connu autant de fluctuations durant l’histoire. À certaines époques, il était bien connu et bien représenté dans les livres anatomiques, alors qu’à d’autres moments, il était absent des manuels de médecine. Je crois que ça en dit long sur le sexisme et le désir des hommes d’effacer les femmes et leur corps. J’ai également été choquée d’apprendre que Sigmund Freud est le créateur de l’idée selon laquelle il existerait des femmes »vaginales » et d’autres »clitoridiennes », et que l’orgasme vaginal serait plus »mature ». C’est une idée très répandue que je me souviens d’avoir entendue lorsque j’étais adolescente, mais qui est complètement fausse et non-scientifique.
Comment ton film est-il accueilli dans les festivals ?
J’ai assisté à quelques festivals où mon film a été projeté, et jusqu’à maintenant les réactions sont très bonnes. Mon film fait rire et marque l’audience. Certaines personnes sont venues me parler pour me dire qu’elles ont appris beaucoup de choses ou pour me remercier de faire un film sur le sujet.
Aimerais-tu que ton film soit un support pédagogique dans les écoles ?
Je ne pensais pas à la portée pédagogique lorsque j’étais en train de faire mon film. Mais dès qu’il a été présenté dans des festivals et qu’on en a discuté dans les médias, j’ai compris l’importance qu’il pourrait avoir auprès des jeunes. Je crois qu’en raison de sa courte durée et de son ton léger et humoristique, mon film pourrait être un outil intéressant pour démarrer des discussions sur la sexualité dans les écoles.
Quelle vie à le clitoris au Canada ?
Au Québec, nous n’avons pas de cours de sexualité dans les écoles. Au secondaire, nous abordons brièvement la sexualité dans le cours de biologie en secondaire 3, mais surtout pour parler de menstruations, de maladies transmises sexuellement et de la façon de mettre un condom. Autour de moi, j’entends beaucoup de gens nommer de façon erronée les parties sexuelles des femmes. Les gens vont parler de »vagin » alors qu’ils devraient plutôt dire »vulve ». Alors pour ce qui est du clitoris, c’est encore plus flou. Je vois toutefois une certaine montée d’idées féministes dans la société dans les dernières années. Et avec ça viennent des idées d’émancipation et de réappropriation du corps des femmes.
Est ce que le fait de le célébrer, le clitoris peut aider à l’émancipation sexuelle et l’égalité des femmes ?
Je crois que le clitoris devrait être aussi important pour les femmes que le pénis pour les hommes. Il est au cœur du plaisir sexuel et de l’orgasme. Le sexe des femmes et leur sexualité ne devraient pas être un mystère, et la connaissance de ceux-ci sont incontournables pour l’émancipation des femmes.
Quelle serait ta propre définition du clitoris ?
Le clitoris est un organe sexuel que les femmes et les personnes trans peuvent avoir et qui se présente en toutes sortes de grosseur et de couleur. Il n’a pas d’autre utilité que de procurer des orgasmes et je crois que c’est merveilleux.
Penses- tu que le monde est prêt à donner plein d’amour au clitoris ?
Si le féminisme continue à grandir et à interpeller de plus en plus de femmes, le monde n’aura pas d’autres choix que de donner de l’amour au clitoris si les femmes l’exigent !
Penses-tu que nous vivons une révolution clitoridienne ?
Je crois que nous vivons une certaine révolution féministe et j’espère qu’elle perdurera et grossira. Si j’ai eu envie de faire mon film sur le clitoris et qu’il y a eu autant d’intérêt pour le sujet dernièrement, je ne crois pas que c’est un hasard. Je crois que c’est parce qu’il y a une remontée du féminisme.
Que représente pour toi la sexualité ?
La sexualité devrait être personnelle, joyeuse, détendue et libre. Elle reflète malheureusement parfois des structures de pouvoir comme le sexisme, où certaines normes et façons de la vivre sont dictées par la société patriarcale. Il ne devrait pas y avoir de façon »normale » de vivre sa sexualité, toutes les façons sont bonnes tant qu’elles restent respectueuses et consentantes. Je trouve ça dommage que certaines personnes ne veuillent pas s’intéresser plus au clitoris, puisqu’en le connaissant bien, on peut se faire plaisir et faire plaisir à notre partenaire. Et il me semble que la sexualité se devrait d’être basée sur un plaisir mutuel.
Le Film :
le site : https://lorimalepart-clitoris.tumblr.com/aboutlori